Lancement des projets du programme prioritaire de recherche « Cultiver et protéger autrement », 23 septembre 2020

Niveau juridique : France

Dans un communiqué de presse du 23 septembre 2020, le Gouvernement annonce le lancement des dix projets scientifiques retenus dans le cadre du Programme prioritaire de recherche (PPR) « Cultiver et protéger autrement », qui vise à créer des outils agronomiques, techniques, économiques et juridiques pour favoriser la sortie des pesticides sur le territoire français. Ce programme se déroulera sur six années, sous pilotage scientifique de l’INRAE et financé par le Gouvernement à hauteur de 30 millions d’euros. Les projets retenus l’ont été dans le cadre d’un appel d’offre conduit par l’Agence nationale de la recherche (ANR), sur impulsion de la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, et du Secrétaire général pour l’investissement, Guillaume Boudy (les Ministères de l’agriculture et de la transition écologique ayant participé à la sélection des projets de recherche).

 

Extraits du communiqué de presse :

« Ces projets s’inscrivent sur le long terme et couvrent l’ensemble des questions soulevées dans l’appel à projets : levée de « verrous scientifiques », compréhension de l’environnement microbien des plantes et son influence sur leur santé, modalités de surveillance de l’émergence des pathologies végétales pour mettre en place des mesures préventives et des traitements précoces, aspects sociaux et économiques de la transition vers des systèmes sans pesticides.

De nombreux colloques et événements seront organisés et impliqueront non seulement les chercheurs mais aussi les acteurs du monde agricole. Ils permettront de suivre l’évolution de ces projets, d’en partager rapidement les résultats et ainsi de faciliter le transfert des connaissances et des solutions vers la société, notamment vers les agriculteurs. »

Lien vers le communiqué de presse du Gouvernement ici.

 

Focus sur les deux projets qui concernent plus spécifiquement la thématique des semences :

 

MoBiDiv :

« MoBiDiv a pour objectif de produire et diffuser les connaissances scientifiques nécessaires au développement d’une amélioration des plantes dédiée à la diversification intra-parcelle, levier majeur pour un changement de paradigme indispensables à une agriculture sans pesticides. Cette diversité intra-parcelle permet des régulations uniques et essentielles, cependant les mécanismes causaux d’interaction plante-plante sont encore mal compris. La sélection de mélanges de variétés et d’espèces performants implique par ailleurs un changement important dans les concepts théoriques, les méthodes d’évaluation et l’organisation du secteur des semences.

MoBiDiv est un projet interdisciplinaire et multi-acteurs qui développera une recherche de pointe en génétique, agronomie, pathologie, malherbologie, écologie, microbiologie et sciences sociales. Ces disciplines se déclinent en cinq volets, qui consisteront à :

1- analyser des dynamiques de diversification intra-parcelle en France,

2- étudier des mécanismes des interactions plantes-plantes favorisant le contrôle des bioagresseurs, en couplant de nombreuses expérimentations à des approches théoriques et une modélisation statistique et mécaniste,

3- proposer des méthodes de sélection adaptées à la diversification intra-parcelle,

4- intégrer des approches participatives permettant de co-concevoir et sélectionner mélanges, variétés et populations pour une adaptation aux contextes locaux de production,

5- accompagner des évolutions de la structure de la filière semencière, ses standards de marché ainsi que l’organisation et le financement de la recherche et du conseil agricole, dans un objectif de diversification des cultures.

Cette recherche sera centrée sur le blé, le pois et les fourrages, et impliquera de nombreux acteurs de terrain.

MoBiDiv favorisera la diffusion des innovations et des résultats scientifiques obtenus au cours du projet, renforcera également les liens entre scientifiques et acteurs de la filière semence (acteurs institutionnels, instituts techniques, coopératives, conseil agricole) ; le projet développera un plan de formation universitaire et professionnel. »

Accès à la liste exhaustive des acteurs du projet MoBiDiv, voir ici.

 

SUCSEED :

« Les semences jouent un rôle central dans notre système agricole, elles sont au cœur de notre production alimentaire et de nos échanges commerciaux dans un marché de plus en plus globalisé. Dans ce contexte, garantir une qualité sanitaire élevée des semences est cruciale pour prévenir l’émergence de maladies et sécuriser la production alimentaire. Actuellement, la gestion de la santé des cultures dépend de l’utilisation de produits phytosanitaires sur les parties végétatives et les semences. Or, ces produits ont un impact délétère avéré sur la santé humaine mais aussi l’environnement et la biodiversité.

Le projet SUCSEED (Stop the Use of pestiCides on Seeds by proposing alternatives) repose donc sur la nécessité d’identifier et de développer des solutions innovantes à la protection des semences via des approches naturelles, efficaces et éco-responsables. Ce projet vise à faire de la semence un acteur central de la gestion de la santé des plantes en se concentrant sur deux problèmes phytosanitaires majeurs :

  • les pathogènes transmis à et par les semences

  • lesfontes de semis (i.e. absence de germination/émergence des graines causée par des pathogènes).

Ces recherches seront conduites sur quatre espèces végétales d’intérêt agronomique : blé, tomate, haricot commun et colza, et leurs agents pathogènes majeurs respectifs.

Pour identifier des solutions alternatives aux pesticides, SUCSEED propose trois leviers d’action :

  • l’amélioration des défenses des semences,

  • lepilotage du microbiote des semences

  • la modification du microenvironnement des graines en germination.

Les solutions novatrices obtenues via ces trois leviers seront formulées à l’aide d’approches technologiques adaptées aux semences et déployées sur un large éventail de génotypes et de conditions environnementales afin de valider leur efficacité potentielle et leur commercialisation. Ces développements scientifiques et techniques seront accompagnés de recherches en sciences humaines et sociales, y compris en recherche réglementaire et économique, afin d’anticiper les besoins ou les obstacles au développement de ces produits, leur appropriation par les acteurs de l’industrie semencière et l’acceptabilité de la société et des politiques à ces nouvelles innovations.

Les résultats attendus de ce projet sont :

  • Scientifiques avec l’émergence de connaissances fondamentales sur la physiologie des semences et les interactions graines-microorganismes ;

  • Techniques avec le développement de solutions alternatives aux pesticides et leurs déploiements via des traitements de pointe adaptés aux semences ;

  • Industriels avec la projection des stratégies/trajectoires pour atteindre le marché en tenant compte du contexte réglementaire ;

  • Sociétaux avec les attentes des professionnels et des consommateurs ;

  • Éducatifs avec la formation des futurs acteurs du secteur semencier. »

Voir l’article dédié sur le site de l’INRAE ici.

 

Liste de la totalité des projets retenus :

  • MoBiDiv : Mobiliser et sélectionner la diversité cultivée intra et inter-spécifique pour un changement systémique vers une agriculture sans pesticide - UMR GQE Génétique Quantitative et Evolution Université Paris Saclay ; INRAE ; CNRS ; AgroParisTech (Coordinateur : Jérôme Enjalbert).

  • SPECIFIS : Conception de systèmes de culture sans pesticides et riches en légumineuses à graines - UMR Agro-écologie INRAE ; AgroSupDijon ; Université de Bourgogne-Franche Comté ; CNRS (Coordinatrice : Judith Burstin).

  • BE-CREATIVE : Co-Conception de territoires sans pesticides - UMR Agronomie Université Paris Saclay ; AgroParisTech ; INRAE (Coordinatrice : Muriel Morison-Valentin).

  • SUCSEED : Mettre fin à l’utilisation des pesticides sur les semences et proposer des solutions alternatives - UMR IRHS Institut de recherche en horticulture et semences ; INRAE ; Institut Agro, Agrocampus Ouest, Université d’Angers (Coordinateur : Matthieu Barret).

  • VITAE : Cultiver la vigne sans pesticides : vers des socio-écosytèmes viticoles agroécologiques - UMR SAVE Santé et agroécologie du vignoble INRAE ; Bordeaux Science Agro (Coordinateur : François Delmotte).

  • CAP ZERO PHYTO : Adaptation du concept d’immunité écologique à la protection des cultures : Rosaceae et Solanaceae, deux études de cas - Unité PSH Plantes et systèmes de cultures horticoles INRAE (Coordinatrice : Catherine Coutand).

  • FAST : Faciliter l’Action publique pour Sortir des pesTicides - UMR CEEM Centre Economie de l’Environnement de Montpellier INRAE ; CNRS ; Montpellier Supagro (Coordinatrice : Julie Subervie).

  • BEYOND : Vers une épidémio-surveillance et une prophylaxie fondées sur des observations de proximité et à distance - UMR Pathologie Végétale INRAE : Université d’Avignon (Coordinatrice : Cindy Morris).

  • PheroSensor : Détection précoce des insectes ravageurs à l’aide de capteurs olfactifs utilisant des récepteurs phéromonaux - UMR IEES Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris CNRS ; IRD ; INRAE ; Université Paris-Est Créteil ; Sorbonne Université (Coordinateur : Philippe Lucas).

  • DEPP IMPACT : Analyse des interactions plante-microbiote pour promouvoir la défense des plantes aux bioagresseurs - IGEPP Institut de Génétique Environnement et Protection des Plantes INRAE ; Institut Agro, AgroCampus Ouest ; Université de Rennes 1 (Coordinateur : Christophe Mougel).

Lien vers la liste des projets retenus et les sommes alloués par l’ANR à chacun d’entre eux ici.