Niveau juridique : France
Texte de la question :
« Mme Nadia Sollogoub attire l’attention de M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation sur les enjeux liés aux différentes espèces d’ambroisies, nuisibles à la santé humaine du fait de leurs pollens allergisants mais également pour les cultures. En effet, ce sont également des espèces adventices qui entraînent des pertes de re,ndement importantes et des coûts de gestion supplémentaires pour les cultivateurs. Depuis plusieurs années, plusieurs espèces d’ambroisies, originaires du continent américain et présentes en Europe, sont en expansion comme l’ambrosia artemisiifolia, l’ambroisie à feuille d’armoise et ou encore l’ambrosia trifida, ou ambroisie trifide. Il s’agit d’espèces annuelles favorisées par la mise à nu du sol qui peuvent se multiplier dans les cultures. Si elles ne sont pas identifiées à temps, des pratiques culturales inadaptées peuvent favoriser leur expansion, voire entrainer de fortes pullulations locales. Ces phénomènes ont un impact sur les rendements des cultures de printemps, et constituent également les phases initiales d’une implantation durable de ces plantes, et ce d’autant plus depuis l’interdiction de recourir à certains produits phytosanitaires. Ainsi, certaines jachères installées au printemps, comme la jachère fleurie qui a un faible pouvoir concurrentiel et une couverture du sol limitée, sont assez exposées à l’ambroisie. Elles sont déconseillées dans les parcelles connues pour contenir des stocks de semences d’ambroisie. Les dates tardives de broyage prévues dans le cahier des charges de gestion des jachères sont ainsi très favorables à la dynamique de l’ambroisie. Parce qu’une approche globale de la gestion du risque ambroisies est devenue incontournable, il est nécessaire qu’après avoir déclaré « le risque pour la santé humaine », la réglementation reconnaisse les ambroisies comme organismes nuisibles à la santé des végétaux. Ce complément réglementaire permettrait d’accroître les synergies des acteurs locaux dans la lutte contre ces plantes invasives, tant pour la protection des cultures que pour celle de la santé publique. Elle lui demande en conséquence s’il entend, dans le cadre de la révision en cours de la classification nationale des espèces nuisibles à la santé des végétaux, classer les ambroisies comme telles et définir un plan de lutte. »
Réponse du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation le 09/04/2020
« Plantes invasives originaires d’Amérique du nord, plusieurs espèces d’ambroisie ont colonisé toutes les régions françaises où elles affectent à la fois la santé publique et l’économie agricole. L’ambroisie à feuilles d’armoise est l’espèce la plus répandue, et ses impacts sont largement documentés. La production de pollen anémophile allergène par trois espèces -l’ambroisie à feuilles d’armoise (ambrosia artemisiifolia L.), l’ambroisie à épis lisses (ambrosia psilostachya DC.) et l’ambroisie trifide (ambrosia trifida L.) - est bien identifiée comme une menace pour la santé humaine et fait l’objet de l’article D. 1338-1 du code de la santé publique intégré par décret n° 2017-645 en application de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. Ce décret prévoit l’application de mesures visant à prévenir l’apparition ou éviter la prolifération des trois espèces d’ambroisie, en tenant compte d’autres finalités, comme la préservation de la biodiversité et la santé des végétaux. Le ministère de la santé, avec l’appui de plusieurs ministères, dont le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, a intégré au nouveau dispositif réglementaire national spécifique à la lutte contre les ambroisies, une instruction interministérielle visant la rédaction de plans d’actions locaux de prévention et de lutte, pour lesquels la cohérence des mesures est assurée par le préfet de région. Plantes rudérales et exotiques annuelles, l’ambroisie à feuilles d’armoise et l’ambroisie trifide entraînent des évolutions locales de flore défavorables aux cultures de printemps dont elles réduisent le rendement. Cette concurrence, étroitement corrélée aux pratiques culturales et aux solutions phytopharmaceutiques disponibles et autorisées, varie selon les espèces et variétés cultivées et les espèces d’ambroisie. L’ambroisie trifide, caractérisée en particulier par sa haute taille et son fort impact sur la production agricole, fait l’objet d’un suivi particulier par certains services régionaux chargé de la protection des végétaux, afin d’estimer si son niveau de présence sur le territoire nécessite encore d’organiser la mise en œuvre d’actions de lutte collectives. Les travaux en recherche agronomique sur la gestion des adventices progressent grâce notamment au travail de terrain des instituts techniques agricoles. Terres Inovia intervient directement dans la recherche et la formation des techniciens agricoles spécialisés. Des collaborations plus larges existent afin de gérer les adventices à l’échelle de l’exploitation en intégrant les rotations. Le réseau gestion de la flore adventice en grandes cultures et en vigne, FLORAD mobilise ainsi différents acteurs de la recherche, du développement et de l’enseignement agricole et bénéficie des financements du compte d’affectation spécial « Développement agricole rural ». D’autres moyens de lutte biologique sont en cours d’expérimentation, comme le recours au coléoptère phytophage ophraella communa, présent en Italie, et dont des chercheurs (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, l’agence nationale de sécurité sanitaire pour l’alimentation, l’environnement et le travail, et le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) évaluent l’impact favorable sur des cultures de tournesol envahies par l’ambroisie. Les ambroisies ne font pas l’objet de réglementation au niveau européen ou national au titre de la santé des végétaux. L’ambroisie à feuilles d’armoise, largement répandue en Europe, ne répond pas aux critères d’espèce émergente ou à répartition limitée qui justifient le classement en organisme de quarantaine dans le règlement européen de la santé des végétaux n° 2016/2031/UE. L’ambroisie trifide, encore très localisée en Europe, a fait l’objet d’une recommandation de réglementation au titre de la santé des végétaux par l’organisation européenne de la protection des plantes et par l’agence nationale de sécurité sanitaire pour l’alimentation, l’environnement et le travail - saisine 2016-SA-0090 www.anses.fr/fr/system/files/SANTVEG2016SA0090Ra.pdf. Un classement de cette plante en organisme nuisible réglementé au titre du 6° de l’article L. 251-3 du code rural et de la pêche maritime pourrait être envisagé. Le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a sollicité FREDON France, désigné par arrêté du 2 juin 2017 pour l’animation et le fonctionnement de l’observatoire des ambroisies (centre national de référence de prévention et de lutte contre les ambroisies) pour étudier la faisabilité et les modalités d’une lutte collective efficace et agro-écologiquement acceptable par les différents partenaires. Ces propositions seront présentées au comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, qui se prononcera sur l’opportunité d’un tel classement. »
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