Recommandations de la coordination européenne Via Campesina (ECVC) à l’unité E de la DG AGRI concernant le groupe d’experts informel de la commission sur l’observatoire de la chaîne agroalimentaire de l’UE.

La création de l’AFCO est une victoire pour les demandes d’ECVC, mais des décisions concrètes et efficaces sont nécessaires pour garantir la transparence et des prix équitables pour les paysan.ne.s

ECVC,

Résumé

Après des mois de protestations pour exiger des prix justes qui couvrent les coûts de production pour les paysan.ne.s, le lancement de l’Observatoire de l’agriculture et de la chaîne alimentaire (AFCO) aujourd’hui, 17 juillet, marque une étape importante vers la transparence des prix, des coûts et des marges et la justice économique tout au long de la chaîne alimentaire, des paysan.ne.s aux consommateurs.

Ce mécanisme doit être mis en œuvre dans le cadre de conditions et d’objectifs adéquats, afin de fournir aux décideurs politiques et aux différents acteurs de la chaîne une solide base commune de connaissances, leur permettant ainsi de prendre des décisions politiques éclairées qui soutiennent la transition agroécologique dont nous avons tant besoin.

Comme ECVC l’a souligné dans unelettre adressée à l’unité E de la DG AGRI avant le lancement de l’AFCO, pour que le mécanisme soit pleinement efficace, la Commission européenne doit s’assurer que des critères ambitieux sont remplis concernant la manière dont les données de l’observatoire sont collectées et le rôle que ce dernier et ses experts joueront.

Alvaro Areta, l’un des représentants d’ECVC au sein de l’AFCO, a expliqué que « le nouvel observatoire a le potentiel d’apporter une réponse concrète aux demandes des paysan.ne.s en matière de transparence des prix, mais pour ce faire, il doit avoir la faculté d’agir pour réguler les marchés au lieu de se contenter d’observer les mauvaises pratiques actuelles ou d’exacerber le déséquilibre des pouvoirs des acteurs de l’industrie privée ».

Concrètement, la Commission doit s’assurer qu’elle a les moyens d’obtenir et d’analyser les informations sur les prix, les coûts et les marges, en fournissant un éventail complet et détaillé d’informations qui servira de base et de source officielle pour la prise de décisions et le travail de l’observatoire.

Ces données doivent garantir le plus haut niveau de transparence possible, permettant aux experts de l’observatoire de prendre des décisions sur les rapports et analyses à effectuer et de participer à l’analyse et à l’élaboration des recommandations. Il doit également produire des rapports, des études et des indices qui permettront, par exemple, d’établir des références pour les contrats.

L’observatoire doit également commander une analyse des principales pratiques abusives constatées, ainsi que des parts de marché des principales entreprises de chaque maillon de la chaîne, y compris les fournisseurs d’intrants, et doit se voir confier le mandat de contrôler les niveaux de stocks, au moins pour certains produits stratégiques (céréales, lait en poudre, etc.). Ce pouvoir d’action doit également se refléter dans les autres observatoires sectoriels au niveau de l’UE, car une bonne coordination entre ces observatoires sera essentielle pour que l’AFCO fonctionne de manière efficace et efficiente.

Aira Sevon, représentante d’ECVC auprès de l’AFCO, a également souligné l’importance d’assurer l’accès à des informations mises à jour et détaillées, qui garantissent une transparence égale et comparative tout au long de la chaîne. « Actuellement, par exemple, les prix à l’origine sont publiés chaque semaine, mais les informations sur les prix pour les points de vente industriels ou de détail ne sont pas disponibles avec la même fréquence ou avec le même degré de détail. La transparence diminue au fur et à mesure que l’on avance dans la chaîne, et certains acteurs empochent d’énormes marges de bénéfices alors que les paysan.ne.s luttent pour survivre ».

Ce manque de transparence et la nécessité de disposer d’informations détaillées s’appliquent également aux importations et aux exportations, par exemple en ce qui concerne les quantités, la qualité, les prix et les barèmes tarifaires, ainsi qu’aux informations sur les prix, les coûts et les marges des entreprises qui fournissent des intrants, car ces éléments sont essentiels à la rentabilité du secteur de la production.

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