GEVES, Rapport d’activités 2022

Niveau juridique : France

Après avoir présenté quelques chiffres clefs de l’activité du GEVES, le rapport d’activité du groupement est divisé en cinq axes :

• Axe 1 : Innover en matière d’évaluation de variétés, semences et plants au service de la transition agroécologique

• Axe 2 : Conforter une expertise indépendante et fiable

• Axe 3 :Promouvoir l’inscription des variétés, l’évaluation de la qualité des semence et plants, la protection par le certificat d’obtention végétale et la préservation des ressources phytogénétiques

• Axe 4 : Les agents au cœur du GEVES

• Axe 5 : Renforcer l’efficience, la durabilité et l’exemplarité du GEVES

Dans le document de présentation des chiffres clés, on retiendra que le GEVES a effectué 3271 cycles d’études DHS et 1 318 cycles d’études VATE, qui ont mené à l’inscription de 610 nouvelles variétés au Catalogue officiel en 2022. L’instance détient 67 896 variétés en collections. 87 987 analyses ont été réalisées, principalement concernant la qualité germinative (35 786), la qualité physique (26 772) et la qualité sanitaire (18 473) des semences .

Le budget total du GEVES est de 32,1 M€, dont 10 % sont consacrés à la recherche-développement.

Concernant l’axe 1 (Innovation en matière d’évaluation des variétés, semences et plants), en 2022, le GEVES était impliqué dans 60 actions ou projets de recherche (dont 15 entamés en 2022). En 2022, le conseil scientifique du GEVES a été renouvelé et a initié la définition de sa nouvelle politique en matière de Recherche-Développement. Le GEVES a également été agréé CIR (Crédit Impôt recherche), en tant qu’organisme exécutant des travaux de recherche et développement (R&D) pour le compte d’entreprises. Cet agrément est valable pour les années 2022, 2023, et 2024.

Evaluer des variétés au service de la transition agroécologiques

Parmi les orientations présentées, on retiendra plus particulièrement les suivantes :

• Adapter l’évaluation variétale à une diversité d’agriculture, avec le Projet CASDAR RESOs : Incidence de la transition agroécologique sur les modalités d’évaluation des variétés et la conception des réseaux d’essais et le Projet MUSE : Évaluation multicritère des variétés pour des objectifs, systèmes de culture et pratiques diversifiés.

• Développer le phénotypage numérique, dans le cadre notamment du projet européen H2020 INVITE, qui a pour ambition d’améliorer l’efficacité de l’évaluation variétale. Ainsi, en 2022, le test de drones sur des essais de maïs et de tournesol et l’analyse des images ont complété les observations classiques. De même « le projet FSOV Fus’eye a permis d’améliorer l’évaluation de la résistance variétale en remplaçant les notations visuelles - jugées trop dépendantes de l’expérimentateur - par de l’imagerie multispectrale pour quantifier la fusariose sur épis de blé. »

• Variétés et changement climatique : au coeur du projet INVITE : « Dans ce programme de recherche, le GEVES participe à un réseau d’évaluation coordonné par l’unité INRAE LEPSE (…) Ce réseau conduit à l’échelle européenne explore une diversités de demandes évaporatives et de températures ainsi qu’une gamme de disponibilités en eau grâce à l’ajout de niveaux d’irrigation contrastés sur certains sites comme au Magneraud et à Mauguio. L’objectif est de mettre au point des outils et des méthodes (phénotypage, enviroty-page) pour identifier dans les essais VATE, les variétés qui se comportent le mieux dans différents scénarios de stress hydriques ou thermiques. ».

Renforcer les connaissances et leurs valorisations sur les semences, les bioagresseurs et les interactions plantes-pathogènes

Conforter l’organisation R&D du GEVES et la valorisation des résultats

La composition du conseil scientifique a été renouvelé, pour un mandat 2023-2027. Il se compose comme de suit :

Catherine Giauffret, Chargée de recherche sur les stress climatiques, INRAE Montpellier(Présidente du Conseil Scientifique)

Thierry Candresse ,Directeur de recherche en virologie,INRAE Bordeaux

Loïc Lepiniec, Directeur de recherche en biologie des semences, UPB

Stéphane Jezequel, Directeur scientifique, Arvalis-Institut du végétal

Didier Pellet, Responsable du groupe de recherche Variétés et semences,Agroscope

Medhi Siné, Directeur Scientifique, Technique et Numérique, Acta

Marie Weiss, Ingénieur de recherche en télédétection, INRAE Avignon

Christophe Salon, Directeur de recherche en écophysiologie, INRAE Dijon

Alain Charcosset, Directeur de recherche en génétique quantitative, INRAE Le Moulon

Mathilde Causse, Directrice de recherche en génétique, INRAE Avignon

Jean-Albert Fougereux, Directeur technique, FNAMS

Philippe Reignault, Directeur du laboratoire de santé des végétaux, ANSES

Anne Grevet, Chargée d’étude OGM et NBT, DGAL, Ministère chargé de l’agriculture

Concernant l’axe 2, relatif à l’expertise du GEVES, on retiendra

Anticiper et accompagner les attentes des autorités compétentes et des filières et adapter les capacités d’évaluation et d’analyse

• De nouvelles évaluations pour l’inscription : « Dans le cadre du CTPS, le GEVES fait évoluer les expérimentations pour évaluer de nouvelles espèces, de nouveaux usages, ou de nouvelles caractéristiques présentées par les sélectionneurs.De nouvelles espèces sont évaluées, pour s’adapter au changement climatique ou aux nouveaux modes de consommation (pois chiche, haricot niebe, soja edamame, lin riche en omega 3, légumineuses pour des usages en gazon…). Pour sécuriser la production agricole et accélérer la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, des variétés tolérantes ou résistantes à des maladies (travaux sur la jaunisse de la betterave sont évaluées, évaluation de variétés de chanvre tolérantes à l’orobanche, évaluation du botrytis et de l’aschochytose de la féverole, du virus ZYMV du concombre, test puceron en melon…). Des usages de plus en plus diversifiés sont testés (trèfle blanc cultivé en plante compagne, maïs riche en polyphénols, maïs cultivés en haute densité…), ce qui nécessite des développements de protocoles innovants, reposant sur les acquis de la recherche publique, des instituts techniques, des obtenteurs, ou des développements internes au GEVES, parfois soutenus dans le cadre de projets de recherche. »

• Les actions pour l’Agriculture biologique

« Depuis le 1er janvier 2022, le GEVES est prêt pour recevoir les notifications de Matériel Hétérogène Biologique, nouveau matériel végétal, défini par une très grande hétérogénéité, par le Règlement européen UE 2018/848. Le GEVES avec le CTPS contribue à la mise en place de l’expérimentation temporaire sur les variétés biologiques adaptées à la production biologique.

Cette expérimentation temporaire, qui débutera au 1er juillet 2023, contribuera à rassembler des éléments pour confirmer ou non la nécessité d’adapter spécifiquement les règles de DHS pour les variétés biologiques adaptées à la production biologique, et favoriser le partage d’expérience entre Etats Membres. La participation du GEVES au projet Liveseeding renforce les échanges avec les acteurs de l’AB européens. Côté plantes légumières, la station de Brion où sont étudiées des variétés proposées par des sélectionneurs de notoriété AB a accueilli les journées de l’ASF ayant pour thème « La création variétale pour le Bio chez les espèces légumières ».Côté plantes agricoles, plusieurs variétés de blé tendre d’hiver sont déposées chaque année pour un usage en AB et sont étudiées dans un dispositif spécifique (3 dépots en 2022, 6 en 2021), 3 blés dur sont également évalués en usage AB. Le reseau national d’expérimentation VATE s’est enrichi, en 2022 de sites d’expérimentations en AB : 4 pour le triticale, 2 en lin oléagineux de printemps et 1 en avoine de printemps.Côté espèces fruitières et vigne, les sections du CTPS intègrent dans leurs travaux la problématique de la production de plants bio. »

Saisir les opportunités offertes par les nouvelles technologies

• La biologie moléculaire au service de la DHS

« La gestion des collections de référence représente un enjeu majeur dans l’activité DHS. Leur taille augmente régulièrement et le nombre croissant des espèces travaillées au GEVES rend cette activité de plus en plus lourde.La biologie moléculaire est utilisée en routine sur plusieurs espèces - maïs, sorgho, orges de printemps - pour mieux gérer les collections de référence, en accord avec les procédures de l’UPOV . En 2022, le GEVES a poursuivi le développement et le déploiement de ces stratégies sur 3 espèces : le colza, la tomate et les hydrangea. (…) »

L’axe 3 concerne la promotion de l’inscription des variétés l’évaluation de la qualité des semences et plants, la protection par certificat d’obtention végétale et la préservation des ressources phytogénétiques. En effet, l’introduction de cette partie rappelle que « le GEVES a une mission spécifique comme centre d’expertise technique, au service des problématiques liées à ces domaines aux plans international, européen et national. De nombreux experts du GEVES sont très investis dans les organisations internationales (UPOV, OCVV, ISTA notamment) pour le développement et l’harmonisation de méthodes d’évaluation. Le GEVES apporte son expertise dans la préparation de l’évolution de la règlementation européenne, contribuant ainsi à partager l’expérience française.En collaboration avec d’autres offices d’examen, il assure des formations d’experts d’autres pays africains ou asiatiques notamment, participant ainsi à la promotion au plan mondial de ces méthodes d’évaluation. »

Sur ce point, on retiendra les items suivants :

Confirmer l’implication dans les organisations internationales

• L’implication du GEVES à l’UPOV : « Le GEVES apporte chaque année son expertise en DHS et en méthodes supports de la DHS (statistiques, développement informatique, analyse d’images, génotypage) dans les groupes de travail de l’UPOV. (…) En octobre 2022, plusieurs experts du GEVES ont participé au comité technique de l’UPOV, au comité juridique et administratif ainsi qu’au comité consultatif et au conseil de l’UPOV. Le comité technique a en particulier examiné les moyens par lesquels l’UPOV pourrait améliorer son soutien à l’examen DHS. Un groupe de travail ad hoc a été créé, dans lequel le GEVES est force de proposition. Par ailleurs un agent du GEVES préside le groupe TWF (groupe de travail pour les espèces fruitières) pour le mandat 2024-2026. »

• La contribution du GEVES à l’OCVV : « Au niveau européen, les experts du GEVES ont participé activement aux travaux d’élaboration des protocoles et à la consolidation des règles de fonctionnement des offices d’examen avec l’OCVV et aux réflexions sur les évolutions futures, pour les espèces ornementales, fruitières, agricoles ou légumières. (…) »

• Le GEVES à l’ECPGR (programme coopératif européen sur la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques) : « Actuellement dans sa phase X, l’ECPGR a, au cours de sa réunion de mi-phase, réalisé un point d’étape des actions engagées (réseau d’évaluations EVA, EURISCO), échangé sur des pistes d’amélioration dans son mode de fonctionnement futur ainsi que sur la mise en œuvre de la stratégie pour les RPG établie dans le cadre du projet H2020 GenResBridge. En tant que représentant(e) de la France au niveau de l’ECPGR, le GEVES, a participé à la réunion du Comité de pilotage et a intégré le groupe de travail chargé de proposer une révision du mode de fonctionnement de l’ECPGR pour la réunion finale de la phase X qui se tiendra en juin 2023. »

• Une forte implication du GEVES au sein de l’ISTA (International Seed Testing Association)

Conforter les missions dans la coopération internationale, avec les formations DHS du GEVES à l’international

Renforcer la stratégie d’influence au plan européen

• Contribuer aux discussions réglementations MRV (Matériel de reproduction des végétaux - ndlr) et VBAPB (variétés biologiques adaptées à la production biologique – ndlr)

« Un représentant du GEVES a participé à 2 réunions de travail préalables à l’élaboration de la proposition législative de la Commission européenne quant à la révision de la règlementation relative au Matériel de Reproduction des Végétaux. Ces 2 réunions étaient consacrées aux enjeux de durabilité, et la manière dont ils pouvaient être pris en charge dans les épreuves d’inscription au catalogue. A cet égard, l’expérience française de la VATE en espèces agricoles et en vigne a été illustrée et saluée. Le rôle des règles de décision, des modalités d’expérimentation et du choix des témoins de comparaison a été mis en avant pour contribuer à atteindre les enjeux du Green Deal.Des experts du GEVES ont participé aux discussions préparatoires à l’élaboration des directives d’exécution encadrant l’expérimentation temporaire sur les Variétés Biologiques Adaptées à la Production Biologique conduites par la Commission européenne. Ils ont à cette occasion insisté sur la nécessaire articulation entre ce nouveau dispositif et les directives de commercialisation sectorielles, en questionnant la nécessité de déroger aux normes d’homogénéité pour quelques caractères définis a priori, et soulever la question de l’hétérogénéité, caractéristique constitutive de ces variétés biologiques adaptées à la production biologique selon la définition du règlement européen AB 2018/848. Par ailleurs, le GEVES a rappelé la nécessité de conduire les tests de valeur d’usage (VATE) en conditions AB, dans la mesure du possible sans que cela soit totalement obligatoire. »

• Contribution au séminaire OCVV : La protection variétale, vecteur de durabilité, d’innovation et de croissance dans l’Union européenne – avec le séminaire européen du 28 avril 2022, organisé par l’OCVV sur un site du GEVES.

Reconnaissances officielles de gestionnaires de collection de ressources pour l’agriculture et l’alimentation et Versement dans la Collection Nationale

« 5 gestionnaires ont obtenu, cette année, la reconnaissance officielleen tant que gestionnaire à titre individuel ou au nom d’un réseau. D’horizons très divers, ils sont à l’image de la diversité des acteurs de la conservation.2022 a également été l’année des premiers suivis des gestionnaires officiellement reconnus en 2020. Cela a permis de constater leur volonté d’être dans une démarche d’amélioration continue et l’importance des échanges avec la Section CTPS « Ressources phytogénétiques » pour les accompagner au mieux.

Parallèlement,la Collection Nationale s’est enrichie de 1032 nouvelles ressources. Avec ces dernières entrées, la Collection Nationale compte désormais 4978 accessions.Les membres de la Section CTPS « Ressources Phytogénétiques » ont également des améliorations du règlement technique d’examen et du dossier de versement en Collection Nationale. Ces amendements permettent notamment au gestionnaire d’expliciter le choix des accessions et en quoi elles sont, de son point de vue, des ressources patrimoniales. La page web du site du GEVES, dédiée au dossier de versement en Collection Nationale, a été à cette occasion entièrement revue dans l’objectif de faciliter la compréhension de la démarche, avec une infographie didactique et une fiche pratique à télécharger. »

Le GEVES a également géré pour le compte du ministère de l’Agriculture un appel à candidature pour le fond de soutien en faveur des des ressources maintenues in situ et des collections de ressources phytogénétiques.

Dans l’axe 5 concernant le renforcement de l’efficience, de la durabilité et de l’exemplarité du GEVES est abordé la question du « Renforcement des pratiques agroécologiques sur les stations GEVES », avec la « mise en œuvre d’actions visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, à développer la biodiversité fonctionnelle au sein des domaines expérimentaux, à optimiser l’utilisation des engrais azotés et le recours à l’irrigation. » Un processus de certification HVE des fermes expérimentales est également enclenché pour 2023.

Lien vers le rapport in extenso ICI