Niveau juridique : International
Texte du communiqué :
« Svalbard, Norvège - 11 juin 2022 : Par un ciel dégagé de l’Arctique, le petit avion transportant 10 précieuses boîtes de semences d’Espagne est arrivé à l’aéroport de Svalbard le matin du 7 juin. Deux jours plus tard, une boîte est arrivée de Lituanie. C’était une occasion pour les deux pays de célébrer l’évènement.
La Lituanie a déposé 123 échantillons de semences de 28 espèces différentes, notamment des plantes fourragères ainsi que des céréales et des légumes, préservés à -18 degrés Celsius dans la Chambre forte semencière.
« Le Centre nordique de ressources génétiques assurera la préservation des semences végétales les plus précieuses de Lituanie pour les générations futures. Il s’agit d’une contribution importante à la promotion de la biodiversité régionale et mondiale et à la reconnaissance des obtenteurs de semences lituaniens, qui célèbrent cette année le centième anniversaire », a déclaré Simonas Gentvilas, Ministre lituanien de l’environnement.
Le dépôt de l’Espagne contenait 979 échantillons de semences de 102 espèces.
« Nous attendons ce moment depuis six ans », a déclaré Luis Guersch Pereira, Directeur du Centre de ressources phytogénétiques de l’Institut national espagnol de recherche et de technologie agricoles et alimentaires (INIA-CSIC), décrivant les défis qu’ils ont dû surmonter pour effectuer ce premier dépôt.
« L’Espagne a un nombre de semences uniques, certaines que nous connaissons tous - différents types de tomates, de poivrons et de choux, de safran et d’ail - mais il y a aussi les légumineuses négligées utilisées dans le passé mais rarement cultivées de nos jours, qui représentent la perte de diversité végétale dans nos régimes ».
Le Directeur Pereira a décrit à quel point il était important pour les banques de gènes en Espagne de régénérer et de multiplier les semences à risque, afin de s’assurer que le pays disposerait d’une bonne collection de base. Cela, a-t-il expliqué, prend du temps, surtout pour les graines qui ont un faible taux de germination.
Le dépôt des semences de chaque pays représente un moment très important, en raison de la grande diversité du matériel en provenance des pays.
« L’Espagne est historiquement un pays de grands changements. Il y a eu les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains… puis il y a les fortes influences arabes. Il y a eu aussi des échanges avec l’Amérique latine et plus récemment, avec la Floride et la Californie. Les semences font partie de notre patrimoine mondial », a expliqué Ángeles Gómez Borrego, Vice-présidente des relations internationales du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC), qui a accompagné les déposants de semences à Svalbard pour assister à la livraison.
« Ni la Lituanie ni les autres États baltes ne sont actuellement des endroits très sûrs », a expliqué Bronislovas Gelvonauskis, Conseiller du Département des ressources génétiques forestières du Service forestier de l’État de Lituanie. « Il est impossible de prévoir ce qui se passera ici à l’avenir; il est donc très important d’avoir des doublons de nos graines stockées dans un endroit sûr, comme Svalbard.»
La Chambre forte mondiale n’est ouverte aux dépôts que deux fois par an, une fois en été, l’autre en hiver. Ce mois-ci, 19 391 nouveaux échantillons de semences provenant de 11 banques de gènes du monde entier, y compris ceux provenant des communautés communautés autochtones, ont été déposés à la Chambre forte semencière mondiale.
Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, qui supervise un Système multilatéral d’accès et de partage des avantages des ressources phytogénétiques, assure le cadre juridique international nécessaire à la création de la Chambre forte semencière par le Gouvernement norvégien.
La Chambre forte est gérée par le Centre nordique de ressources génétiques (NordGen) en coopération avec le Ministère norvégien de l’Agriculture et de l’Alimentation et le Global Crop Diversity Trust.
Aujourd’hui, la Chambre forte conserve des doublons de 1 145 693 variétés de semences provenant de 91 pays dans le monde, ayant encore de la place pour des millions d’autres. Son objectif est de sauvegarder les collections de banques de gènes provenant de banques de gènes et d’institutions internationales, nationales et régionales, afin de garantir la base de notre futur approvisionnement alimentaire. Une fois déposées dans la Chambre forte, les pays conservent la pleine propriété de leurs propres semences, qui sont scellées dans des boîtes par les déposants et ne peuvent être retirées ou distribuées par quiconque autre que les déposants.
Åsmund Asdal, Coordinateur de la Chambre forte semencière mondiale, a décrit comment, au cours des 15 années de fonctionnement de la Chambre forte, il n’y a eu qu’une seule demande de retrait de semences. « La première et jusqu’à présent la seule demande de retrait d’échantillons de semences a été faite pour remplacer une collection de la ville syrienne d’Alep qui a été endommagée par la guerre.» Les boîtes de semences initialement déposées par la banque de gènes du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) à Alep, en Syrie, ont été retirées de la chambre forte en 2015 et renvoyées aux unités de l’ICARDA au Maroc et au Liban pour être dupliquées. Toutes les variétés de semences syriennes retirées ont ensuite été redéposées en toute sécurité dans la Chambre forte.
Dans le monde, plus de 1 700 banques de gènes détiennent des collections de cultures vivrières pour les sauvegarder, mais nombre d’entre elles sont vulnérables, exposées non seulement à des crises telles que le changement climatique et la guerre, mais également à des catastrophes facilement évitables telles que des systèmes de réfrigération défectueux.
Les semences sont trop précieuses pour risquer de les perdre, et la perte d’une variété de culture est aussi irréversible que l’extinction d’un animal – elle est perdue à jamais.
« Alors que les crises mondiales continuent de se dérouler autour de nous, la Chambre forte semencière mondiale offre une assurance pour notre sécurité alimentaire, une sorte de bouée de sauvetage, afin qu’en cas de catastrophe, tout ne soit pas perdu », a déclaré Kent Nnadozie, Secrétaire du Traité international, qui s’est rendu à Svalbard pour l’ouverture de la Chambre forte en juin. »
Lien vers le texte du communiqué sur le site de la FAO ICI