GEVES, Rapport d’activité 2021

Niveau juridique : France

Le rapport d’activité 2021 du GEVES a été publié au mois de mai. Comme indiqué sur le site internet « 2021 correspond notamment au 50ème anniversaire du GEVES : 50 ans de recherche et développement méthodologiques, d’évaluations et d’analyses pour garantir des variétés décrites et évaluées, des semences de qualité contrôlée utiles aux agricultures françaises et étrangères, d’animation au service de la filière semences et plants et plus largement de la filière agro-alimentaire.

2021 était également la première année de déploiement de la stratégie GEVES Ambition 2030. Ce plan stratégique confirme l’engagement du GEVES de toujours mieux contribuer à l’excellence du secteur semences et plants au service de la transition agroécologique, au plan national, européen et international. »

Le rapport s’articule autour de 12 axes, dont nous vous citons ici les passages qui ont tout particulièrement attirés notre attention.

Accompagner la transition agroécologique

« Les nouvelles variétés sont un levier de la transition agroécologique vers des systèmes de production plus durables conjuguant amélioration des productions végétales et diminution des pressions sur l’environnement en bénéficiant des fonctionnalités des écosystèmes. La nouvelle version du plan « Semences et plants pour une agriculture durable » publiée en novembre 2021 par le ministre de l’agriculture et de l’alimentation inscrit l’amélioration variétale et la qualité des semences et plants au cœur des politiques publiques et plus particulièrement du défi agroécologique pour la France. Le GEVES assurant de nombreuses missions au sein du Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS), est fortement investi dans la mise en œuvre de ce plan, qui amplifie les nombreux travaux d’ores et déjà conduits pour définir et expérimenter des méthodes innovantes de conduites des essais, renforcer l’efficience des évaluations et proposer leur intégration dans les règlements techniques.Ces travaux concernent également la préparation de l’évolution de la conception des réseaux d’essais pour répondre aux besoins d’évaluation des variétés adaptées à l’agroécologie. La transition agroécologique est également une réalité dans les sites expérimentaux du GEVES. » (…)

Contribution à la mise en application du nouveau règlement européen biologique

Le GEVES a préparé la mise en application en France du nouveau Règlement européen relatif à la production biologique (2018/848) entré en application au 1er janvier 2022 et en particulier sur deux nouveautés :ale Matériel Hétérogène Biologique (MHB),ales Variétés Biologiques Adaptées à la Production Biologique (VBAPB).Le ministère en charge de l’agriculture a délégué au GEVES la réception des dossiers de notification de matériel hétérogène biologique ainsi que la vérification de la conformité des éléments fournis. Le GEVES a contribué à définir la procédure de notification publiée par arrêté ministériel et l’a précisé sur son site internet.Pour les variétés biologiques, une expérimentation temporaire de 7 ans débutera courant 2022 pour apprécier, entre autres, les possibles évolutions des modalités d’inscription (DHS et VATE) pour prendre en compte l’adaptation à la production biologique. Le GEVES a contribué aux réunions organisées par la commission européenne en 2021 sur les évolutions des protocoles DHS pour les variétés de chou-rave et carotte. De plus, la tenue en 2021 du congrès mondial de la bio (IFOAM) à Rennes et la visite d’essais DHS sur la station du GEVES à Brion ont permis de poursuivre les échanges avec des sélectionneurs du consortium européen pour la sélection végétale biologique (ECO-PB). Le GEVES est associé au projet européen Liveseeding, élaboré en 2021 (accepté en 2022) qui fait suite au projet Liveseed et contribuera aux réflexions sur MHB et VPAPB. 

Contribution du GEVES à la diffusion de variétés anciennes

Avec plus de 350 variétés, les variétés anciennes représentent une part significative du Catalogue officiel français des espèces légumières. Plus de 1400 variétés d’espèces fruitières y sont également inscrites, pour beaucoup représentatives du patrimoine fruitier français. Les jardiniers, maraîchers et arboriculteurs disposent ainsi d’un nombre conséquent de variétés régulièrement contrôlées, variétés habituellement cultivées et/ou à forte valeur patrimoniale.Pour les espèces légumières, ces variétés anciennes inscrites dès 1952 en listes a et b et plus récemment sur les listes c et d (variétés anciennes menacées d’érosion et variétés dont la récolte est principalement destinée à l’autoconsommation) requièrent parfois un appui du GEVES et de SEMAE dans l’accompagnement des professionnels. En complément de ces échanges réguliers, le GEVES et SEMAE ont renouvelé le 29/09/21 une journée d’échanges au GEVES de Brion sur les modalités réglementaires pour l’inscription et la maintenance de ces variétés anciennes. L’accompagnement financier est un autre point clé : le ministère de l’agriculture soutient l’inscription des variétés en liste c et SEMAE accompagne l’inscription en liste d mais également la maintenance des variétés anciennes légumières via un fonds dédié.Du côté des espèces fruitières, 72 variétés d’agrumes ou d’oliviers ont été inscrites sur la liste 2, permettant ainsi la reconnaissance de variétés patrimoniales ou de clones jusque-là mal définis, et autorisant leur diffusion dans l’Union Européenne. Ces démarches, soutenues par le ministère de l’agriculture, permettent l’obtention d’une Description Officiellement Reconnue.A l’interface du Catalogue et de la gestion des ressources génétiques, le GEVES a lancé en 2021 un travail d’identification des variétés légumières patrimoniales (i.e. contribution à l’histoire agricole française) parmi les variétés radiées et encore présentes dans les chambres froides du GEVES en tant que collection de référence.

Mise en place d’une VATE pois chiche

Suite au mandat donné par la section CTPS et pour répondre à la demande de la filière, le GEVES avec des experts de l’espèce pois chiche a construit un dispositif VATE qui sera mis en œuvre à partir de 2022 pour évaluer le progrès génétique. Un réseau d’expérimentation commun avec celui de Terres Inovia à 6 lieux principalement dans le Sud de la France, a été retenu pour limiter au maximum les besoins en semences pour l’évaluation des variétés de cette espèce à faible taux de multiplication et ne pas retarder les demandes d’inscription. L’évaluation portera sur un caractère nouveau « le calibre des grains » et les caractères classiques de précocité, floraison, hauteur, rendement, teneur en protéines, PMG…Côté bioagresseurs, la principale problématique est l’ascochytose (Ascochyta rabiei). Les besoins d’un test en conditions contrôlées avec validation du comportement des variétés au champ, ont été portés au niveau du projet de recherche CASDAR AsCoLuP.Des règles d’inscription ont également été formalisées et reprises dans un règlement technique homologué par arrêté ministériel(…)

Diversité des profils variétaux

En tant qu’office d’examen, le GEVES étudie des variétés en demande d’inscription au catalogue officiel ou en demande de protection par COV.A ce titre, le GEVES évalue de nombreuses innovations variétales requérant un accès au marché ou un certificat d’obtention végétale. Certaines innovations, issues d’un travail de longue haleine des sélectionneurs, sont en rupture par rapport à l’existant (nouveaux caractères, nouveaux usages…), et concourent à la diversification des profils variétaux disponibles pour les utilisateurs. Pour caractériser ces innovations, le GEVES conduit régulièrement des recherches méthodologiques pour développer de nouveaux protocoles de tests, et contribue à définir des modalités expérimentales et règles de décision associées. En 2021, ont été explorés de nouvelles tolérances à des bioagresseurs (résistances à de nouvelles races de bioagresseurs en espèces légumières, tolérance à la jaunisse de la betterave…), de nouveaux usages d’espèces déjà connues (soja edamame consommé comme légume, sorgho à farine blanche pour la boulangerie, maïs anti-oxydant, orge biomasse…), de la diversité morphologique des produits récoltés (espèces légumières ou fruitières) ou encore de nouvelles variétés alléguant d’un bon comportement comme plante compagne. Cette diversité des profils variétaux est un des leviers à activer pour répondre aux enjeux de la transition agroécologique, et est l’objet de l’action n°2 du plan SPAD révisé. »

NOTA : plan SPAD = plan semences et plants pour une agriculture durable (voir fiche veille dédiée) bases.fichotheque.net/rsp/fiches/veille-3527.html

Contribuer à la santé des végétaux

« Contribuer à garantir la qualité sanitaire des semences est un objectif prioritaire pour le GEVES. Il est en effet primordial d’éviter la dissémination de pathogènes portés par les semences, dont certains peuvent être transmis à la plantule lors de la germination. Désigné fin 2020 Laboratoire National de Référence pour les organismes réglementés non de quarantaine (ORNQ) dont la matrice prépondérante est la semence et confirmé en 2021 comme laboratoire agréé pour la détection du ToBRFV sur semences de tomate et piment, le GEVES renforce ses investissements et déploie un plan d’actions ambitieux. Il s’investit par ailleurs au plan international, dans la détection des insectes dans les lots de semences et dans la définition d’approches systémiques pour la certification phytosanitaire des échanges de semences. Evaluer les résistances ou les tolérances aux bioagresseurs des nouvelles variétés végétales contribue à la nécessaire transition agroécologique. Le GEVES développe des programmes de recherche et développement relatifs à l’évaluation de ces résistances, et sur la connaissance des pathogènes. Sont en particulier à noter de forts investissements en matière de résistances aux jaunisses d’origine virale néfastes aux productions de betteraves à sucre et d’orge d’hiver.» (…)

Le GEVES : Laboratoire National de Référence (LNR) sur 3 domaines de compétences (…)

76 méthodes d’analyse de la qualité des semences officialisées

« Sur proposition du GEVES en sa qualité de LNR qualité des semences, le ministère en charge de l’agriculture a publié en 2021 sur le Bulletin officiel 76 instructions techniques officialisant 3 méthodes de détection de pathogènes, 1 méthode d’échantillonnage, 4 méthodes de Pureté et Dénombrement et 68 méthodes de faculté germinative. Ces méthodes sont appliquées pour toutes les analyses officielles réalisées par le GEVES dans le cadre de ses mandats LNR, ou par les laboratoires agréés. Les méthodes d’échantillonnage, de pureté et dénombrement, de faculté germinative sont celles mises en œuvre au GEVES dans le cadre de la certification des lots de semences. Elles ont été validées dans le cadre de l’ISTA où le GEVES apporte une contribution importante. Elles sont internationalement reconnues. Elles intègrent des spécificités prévues notamment par les règlements techniques annexes. D’autres méthodes sont en cours de mise au point et de rédaction, notamment des méthodes de détection de pathogènes relevant du mandat LNR santé des végétaux du GEVES. (…)

Développer l’usage des nouvelles technologies et du numérique

« Robotique, intelligence artificielle, analyse d’images, biologie moléculaire, biochimie : ces nouvelles technologies et sciences du numérique ouvrent des perspectives très intéressantes pour l’évaluation des variétés et des semences qui reposent principalement sur des techniques manuelles et visuelles et l’expertise humaine. Elles peuvent permettre des gains d’efficience, des améliorations des conditions de travail et l’acquisition de données nouvelles. Le GEVES explore plusieurs applications très prometteuses. Le marquage moléculaire permettra d’optimiser la gestion des collections de référence nécessaire aux évaluations DHS du colza et de l’hydrangea. Associé au phénotypage, il permet une meilleure caractérisation du piétin verse du blé. Il facilite également l’identification des blés de meunerie.Robotique, analyse d’image et phénotypage numérique font l’objet de nombreux travaux portant sur des sujets aussi divers que la germination des semences, la quantification des symptômes de la fusariose sur céréales, le comptage de la levée et la détermination du taux de couverture, la caractérisation des dynamiques de croissance des plantes… Rendre disponibles pour la recherche les données acquises lors des évaluations, les mettre à disposition pour faciliter le choix des variétés de maïs par les agriculteurs et à leurs conseillers, sont des avancées majeures de 2021. » (…)

S’impliquer pour pour les Ressources Phytogénétiques

« La biodiversité des espèces cultivées et de leurs apparentées sauvages est essentielle pour faire face aux nouveaux enjeux agronomiques, sociétaux et environnementaux. Il est donc primordial de favoriser leur caractérisation, leur conservation et leur diffusion. Dans cet objectif, le GEVES a poursuivi ses missions relatives à la structuration de réseaux « public – privé » de conservation de ressources phytogénétiques, d’accompagnement des acteurs et de structuration et enrichissement de la collection nationale. Il s’est attaché à améliorer le communication et l’information en la matière.Pour amplifier les moyens financiers de soutien à ces activités essentielles et sensibiliser un large public à ces enjeux, le GEVES a largement contribué à la mise en place d’un fonds de dotation pour la préservation des ressources phytogénétiques des plantes cultivées ou apparentées, dont la création est effective depuis avril 2021. 

4 nouveaux projets d’acteurs de la conservation des ressources phytogénétiques financés par le ministère de l’agriculture

Tous les ans, la coordination nationale située au GEVES, organise pour le ministère de l’agriculture, un appel à candidature qui s’adresse aux acteurs français (en métropole ou dans les outre-mer) impliqués dans la conservation, la caractérisation et la valorisation des ressources phytogénétiques des espèces cultivées et de leurs apparentées sauvages (hormis les arbres forestiers). 4 projets ont été financés en 2021.(budget total : 40 072,16€)

La Collection Nationale s’enrichit

En 2021, les premiers versements de ressources dans la Collection Nationale, selon la nouvelle procédure adoptée en juillet 2019 par la Section Ressources Phytogénétiques du CTPS, ont été amorcés :a 202 rosiers de variétés anciennes de roses du 19e siècle et de rosiers botaniques issus de la collection privée de Madame Thérèse Loubert,a 19 hortensias, principalement du 20e siècle issues du travail de la famille Mouillère de la collection de l’Association Shamrock, a 209 nouvelles accessions d’hortensias, majoritairement des Hydrangea macrophylla originaires d’Europe et une diversité dans le genre Hydrangea avec 13 sous-espèces représentées originaires d’Europe, du Japon ou en encore des Etats-Unis par l’entreprise Boos Hortensia,a 17 nouvelles variétés françaises de pommes de terre versées par le réseau de coopération public-privé pomme de terre, piloté par l’INRAE de Ploudaniel, qui complètent les 98 variétés déjà versées au système multilatéral du Traité international TIRPAA,a 34 accessions de 11 espèces apparentées sauvages versées par le Conservatoire botanique national de Bailleul dont des formes sauvages de la carotte, des apparentées au chou, à l’ail, au lin à la campanule et à l’angélique.

2 nouveaux réseaux de conservation « public-privé » : haricots et oignons

Le GEVES a invité différents acteurs à œuvrer ensemble pour la sauvegarde de ressources phytogénétiques (RPG) ; les Chartes des réseaux de coopération pour la gestion des ressources de HARICOTS (Phaesolus vulgaris) et d’OIGNONS (Allium cepa) ont été signés en 2021. Ces réseaux regroupent des acteurs très diversifiés autour de deux objectifs majeurs : la mutualisation de la conservation des RPG et l’identification des accessions à verser par les réseaux dans la collection nationale. Les partenaires signataires pour le réseau « haricots » sont : l’OBS (organisation bretonne de sélection), l’INRAE, le centre régional des ressources génétiques des espaces naturels réglementés, le Potagers du roi, Gautier semences, c-r.b/a, URGC (Union pour les Ressources Génétiques du Centre-Val de Loire), Eliseed41, l’UFS, Semences de Provence, GNS Semences, Unilet (interprofession française des légumes en conserve et surgelés), Vilmorin et cie et le GEVES.

La collection gérée par le réseau comporte environ 1600 accessions de variétés anciennes et de matériels scientifiques principalement issus des travaux d’INRAE. En ce qui concerne le réseau « oignons », les acteurs engagés sont : 3B semences, Sakata, l’OBS, le GEVES, Vilmorin et cie, le Grand Lyon, L’Aubépin semences biologiques, Gautier semences, l’institut agro Rennes Angers

La collection gérée par le réseau comporte environ 150 lots de variétés ou populations locales, françaises ou étrangères principalement, elles aussi, issus des travaux d’INRAE. La première assemblée générale du nouveau réseau s’est tenue le 12 octobre 2021.

Webinaire sur les évolutions de la nouvelle réglementation sanitaire

Un webinaire d’informations et d’échanges sur les évolutions de la nouvelle réglementation sanitaire au niveau Européen et pour les Outre-Mer s’est tenu le 29 avril 2021 à l’endroit des gestionnaires de collections de ressources phytogénétiques, directement concernés par leurs activités d’introduction, de maintenance et de diffusion de matériel végétal. Il a été conjointement organisé par la Direction Générale de l’Alimentation du Ministère chargé de l’Agriculture, l’infrastructure RARE et la Coordination Nationale pour la conservation des ressources phytogénétiques. Ce temps a réuni 85 participants.

Le GEVES participe à la naissance du « Fonds Collections et Biodiversité »

Le GEVES a largement contribué à la préparation du Fonds de dotation pour la préservation de la biodiversité des espèces cultivées dit Fonds Collections & Biodiversité, dont il est un des huit membres fondateurs. Lors du premier Conseil d’administration, le 19 avril 2021, sa présidence a été confiée à Marion GUILLOU et sa direction à Audrey DIDIER. L’objectif de ce Fonds est de préserver sur le long terme, par un soutien et un financement approprié, cette biodiversité afin d’éviter toute perte irréversible de ce patrimoine végétal vivant, source d’innovation pour l’avenir. »

En outre, il ressort de l’annexe 2, qu’en 2021, 669 nouvelles variétés ont été inscrites au Catalogue officiel français : 399 d’espèces agricoles, 116 de fruitiers et 154 d’espèces légumières (dont 2 en liste d -SVI-)

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