Niveau juridique : France
Lors de sa séance du mercredi 9 février, la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Séant a auditionné le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.
Extraits : (passages en gras soulignés par nos soins)
« M. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation : (…) Nous sommes entrés dans la troisième révolution agricole. La première, ce fut la mécanisation permise notamment par le plan Marshall ; la deuxième ce fut l’agrochimie. Depuis lors, l’ensemble des politiques publiques, toutes majorités confondues, ont été guidées par la réduction des effets de cette deuxième révolution agricole. On a d’abord appelé cela l’agriculture raisonnée, dans laquelle j’ai baigné pendant ma formation d’ingénieur agronome dans les années 2000. Aujourd’hui, on appelle cela l’agroécologie.
Il faut continuer à limiter ces effets ; mais une nouvelle histoire de l’agriculture est en train de se créer : cette troisième révolution agricole est celle du vivant, de la connaissance, du numérique, de la sélection variétale, de la génétique, du biocontrôle, de l’agrorobotique. Lorsqu’on parle de trouver des substituts aux désherbants, il n’est pas vrai que l’on convaincra nos concitoyens de prendre une binette et de désherber à la main. La seule solution est l’agrorobotique.
Il y a 48 heures, j’ai présenté à Colmar à nos partenaires ce formidable site de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) : l’une des plus grandes bibliothèques de sélection variétale. C’est en France qu’on est en train de déterminer les sélections variétales résistantes au mildiou : c’est ainsi qu’on avancera.
Dernière transformation immense : le changement climatique, qui nécessite adaptation et protection. Ne perdons pas de vue la finalité nourricière de l’agriculture et donc la souveraineté alimentaire ; acceptons que les moyens ne puissent plus être ceux du passé pour éviter que ne tombe l’épée de Damoclès du changement climatique. (…)
Vous m’interrogez sur les priorités françaises dans le Pacte vert européen - le Green Deal. Ce dernier est une vision politique, qui n’a pas encore été transcrite dans des textes législatifs. Cette vision doit se traduire avec pragmatisme : « il faut aller vers l’idéal en passant par le réel », comme aurait dit Jaurès. (…) Oui, le Green Deal est important, mais le rôle du Conseil des ministres de l’Union et du Parlement européen est de l’appliquer en prenant en compte la réalité. (…)
Monsieur le sénateur Médevielle, vous m’interrogez, d’une part, sur les New Breeding Techniques (NBT) et, d’autre part, sur l’agrivoltaïsme.
À titre personnel, je crois totalement aux NBT. Simplement, comme l’écrivait Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Autrement dit, il s’agit d’un progrès, mais il faut mettre en place cette technologie de manière convenable, notamment en recourant à la sélection variétale.Si cette sélection accélérée est destinée à créer des plantes résistantes à des maladies liées au changement climatique et permet d’utiliser moins de produits phytosanitaires, je ne comprends pas pourquoi tout le monde ne se dit pas que cette technologie est intéressante. À l’inverse, si c’est pour produire une plante qui résiste aux produits phytosanitaires, cela n’a aucun sens.
En tous les cas, je vous informe que l’Europe a pris une position très proche de celle de la France. Nous attendons encore la nouvelle réglementation sur les NBT, mais je peux vous dire que la vision politique de la Commission européenne est conforme à celle de notre pays. »
Lien vers le compte rendu de la réunion ICI www.senat.fr/basile/visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20220207/atdd.html&idtable=c/compte-rendu-commissions/20220207/atdd.html&_c=breeding&rch=gs&de=20220207&au=20220214&dp=1+an&radio=deau&aff=sep&tri=p&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn#toc8