Niveau juridique : France
L’enjeux de l’adaptation des critères DHS et VATE aux semences destinées à l’agriculture biologique :
Depuis une décennie, le GEVES a enclenché une réflexion autour de l’adaptation des critères d’évaluation pour l’inscription de semences destinées à l’agriculture biologique (en témoigne la page dédiée sur le site internet du GEVES).
« En effet la sélection s’est faite depuis 50 ans pour des itinéraires techniques artificialisés pour lesquels la fertilisation azotée minérale est abondante et où les herbicides sont utilisés pour lutter contre les adventices des cultures. Elle a conduit à l’obtention de variétés à paille courte donc peu concurrentielles vis-à-vis des mauvaises herbes et qui peinent en conditions de disponibilités réduites en azote, conditions rencontrées en agriculture biologique. La sélection variétale sur des critères adaptés à ces milieux aux contraintes fortes se justifie » (B. ROLLAND, A. LE CAMPION, F-X. OURY, Pourquoi sélectionner de nouvelles variétés de blé tendre adaptés à l’agriculture biologique ?, Courrier de l’environnement de l’INRA n°62, décembre 2012, article diponible ici).
L’adaptation des méthodes d’évaluation est donc rendue nécessaire par le contexte agronomique de pousse des végétaux en parcelle conduite en AB : faible disponibilité de l’azote par rapport au mode de culture conventionnel (en l’absence d’engrais azotés de synthèse), rendements inférieurs et plus faible teneur en protéines, conduisant à une « panifiabilité » moindre (selon les référentiels conventionnels et de l’agro-industrie alimentaire) ; problématiques de gestion des adventices ; de sensibilité à la verse ; et de résistance aux maladies. Dans ce contexte, le GEVES entreprend une démarche d’adaptation et de pondération de ses critères et méthodes de sélection.
A l’heure actuelle, seules deux variétés grandes cultures ont fait l’objet d’adaptation par le GEVES dans les modalités d’évaluation :
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Le soja : l’évaluation reste majoritairement effectuée dans un cadre conventionnel, avec quelques essais réalisés en condition AB.
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Le blé tendre d’hiver : jusqu’à présent, les évaluations étaient réalisées dans des conditions mixtes (en parcelles AB et en parcelles conventionnelles), avec une adaptation des critères liés au pouvoir couvrant des variétés (pour évaluer leur compétitivité vis-à-vis des adventices) ; une pondération des résultats liés à la résistance aux bioagresseurs et à la régularité du rendement ; et une comparaison de certains résultats avec des étalons de valeur eux-mêmes adaptés à l’AB (et non conventionnels)(pour les tests de panification notamment).
Modification du protocole d’évaluation des variétés de blé tendre d’hiver destinées à l’AB :
Le GEVES choisi aujourd’hui de réformer le règlement d’inscription au Catalogue officiel pour les variétés de blé tendre destinées à l’AB. Il annonce ainsi dans un communiqué du 11 septembre 2020 que « lors de sa réunion du 23 juillet, la Section CTPS Céréales à paille a validé une évolution des modalités d’évaluation VATE pour [ces variétés]. Applicables dès les nouveaux dépôts d’août 2020, ces modalités ont été revues en concertation avec les acteurs de l’AB. »
Les nouvelles règles d’évaluation appliquées depuis le 01 août 2020 sont les suivantes (pour une présentation complète des modalités d’évaluation de la VATE pour l’inscription au Catalogue de variétés de blé tendre d’hiver pour l’AB, voir ici) :
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Les variétés revendiquant une évaluation pour l’AB seront expérimentées sur un réseau AB exclusivement. Autrement dit, il est mis fin à l’expérimentation dans le réseau conventionnel ; les essais (à raison de 12 par an) ne se feront plus que sur des parcelles en AB, dans l’ensemble de la France.
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Le comportement des variétés vis-à-vis des principaux bioagresseurs sera observé dans des essais spécifiques (comme pour les variétés classiques).
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Un test « carie » est ajouté et rendu obligatoire (sous la forme de tests en laboratoire conduits sur deux ans).
Le nouveau règlement technique d’inscription du CTPS est aujourd’hui en cours d’homologation par le Ministère de l’Agriculture. Un arrêté d’homologation devrait donc paraître prochainement.