Niveau juridique : France
Le rapport a été présenté et discuté en commission de l’aménagement du territoire et du développement durable le 3-11-2015.
-
lien vers le CR des débats en commission : www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20151102/devdur.html
-
Lien vers le rapport " Les outre-mer français face au défi climatique : une contribution concrète à l’agenda des solutions » : www.senat.fr/rap/r15-131/r15-1312.html .
Extraits choisis dans le point 2.De la recherche à la transformation des pratiques et des habitudes :
« L’adaptation des cultures présente de multiples facettes. L’une des plus importantes consiste à trouver des espèces plus résistantes à la sécheresse. Un programme du Cirad en Guadeloupe vise à réaliser des <croisements de diverses variétés et espèces de bananiers pour obtenir des plants plus résistants au stress hydrique et disposant d’un système racinaire plus adapté> qui permet une meilleure capture hydrique. D’autres travaux portent sur l’amélioration de la résistance des agrumes à la sécheresse et à la salinité. Ils consistent à valoriser la mise en culture de porte-greffes tétraploïdes28(*). En effet, depuis le début du XXe siècle, les agrumes sont cultivés sur des porte-greffes qui les rendent plus résistants aux maladies. Pour limiter encore l’impact des maladies tout en s’adaptant au changement climatique, des porte-greffes hybrides ont été créés pour additionner les caractères des deux plants parents et cumuler ainsi leurs propriétés de tolérance. Cette hybridation confère <à la variété greffée sur le porte-greffe tétraploïde une meilleure tolérance à la sécheresse et au stress salin sans affecter la qualité des fruits produits29(*)>. Elle permet aussi de renforcer les agrumes contre une maladie bactérienne mortelle que les changements climatiques vont certainement contribuer à développer, le huanglongbing (HLB) appelé encore greening qui ravage la zone Caraïbe, le Brésil et la Floride, sans qu’aucun traitement curatif efficace ne soit disponible30(*).
Des moyens de lutte biologique ont été développés par le Cirad à La Réunion pour faire face à des espèces invasives potentiellement stimulées par le changement climatique, en bénéficiant du soutien du Pôle de protection des plantes de Saint-Pierre. On peut citer comme exemples de réussite la lutte contre le ver blanc de la canne à sucre grâce à un champignon ou contre les mouches blanches grâce à l’introduction de microguêpes en cultures maraîchères et fruitières. Deux sociétés privées, Betel Réunion et La coccinelle, travaillent en partenariat étroit avec le Cirad pour développer des gammes d’auxiliaires biologiques31(*). Avant même la lutte, ce sont la surveillance et le contrôle en amont qui sont essentiels. À cet effet des bases de données et des outils de science participative sont développés pour permettre une détection précoce des espèces préoccupantes. On peut citer comme exemple les applications mobiles Pl@ntnet et Diagnoplant, adaptées avec l’Inra pour identifier des bioagresseurs sur une parcelle.
Une plus grande diversité des cultures garantit prima facie une plus grande résilience aux aléas climatiques. C’est pourquoi <la protection ou la réintroduction de variétés anciennes et la diversification des productions pour contrebalancer la fragilité des grandes monocultures (banane, canne à sucre)> constituent des axes majeurs de transformation de l’agriculture ultramarine. Le modèle de polyculture offert par le jardin créole est particulièrement pertinent.32(*) Dans le souci de renforcer l’agrobiodiversité, l’Inra travaille aux Antilles à soutenir la petite agriculture familiale dont 75 % des exploitations sont en polyculture associée à de l’élevage. Les perturbations climatiques poussent à changer de paradigme pour reconquérir les productions vivrières à destination du marché local33(*) alors que les grandes cultures exportatrices sont plus exposées tant aux risques naturels qu’à une concurrence internationale exacerbée. »