Bulletin de liaison N° 43
Magali Outtier et Patrick de Kochko,
Résumé
De la sélection de céréales en biodynamie …
Dans le réseau mis en place autour du Keyserlink Institut et de plusieurs fermes de la région du Bade-Wurtemberg, dans le sud de l’Allemagne, les différentes étapes de la culture du blé à la cuisson du pain sont réalisées par des acteurs différents : agriculteurs, meuniers et boulangers. La sélection des semences est confiée au sélectionneur, Berthold Heyden et son équipe, qui travaillent avec chacun des acteurs. Il s’agit bien de recherche collective mais contrairement aux « canons » de la sélection participative, le paysan n’intervient pas dans le choix des plantes. Si les paysans du RSP travaillent de plus en plus avec des populations de blé, les biodynamistes allemands travaillent eux sur des lignées développées à partir d’épis choisis dans les champs par l’équipe de Bertold. Au delà de l’œil du spécialiste, les critères sont multiples : hauteur des pailles, taille des épis, barbes, couleur, résistance à la verse puis, une fois multipliées : qualité meunière, boulangère, nutritionnelle et organoleptique.
Bertold travaille également depuis plusieurs années sur des essais de domestication du Dasipyrum villosum, une graminée sauvage rencontrée en Crimée puis en Sardaigne, suivant en cela les recommandations de Rudolf Steiner*. Cette étrange céréale, n’a pas encore offert à l’œil du sélectionneur d’individus récoltables mécaniquement, les épillets se détachant du rachis avant la maturité comme les ancêtres sauvages du blé. Nous avons même pu goûter un pain fabriqué quelques jours plus tôt, par Jean François Berthellot dans son fournil à partir de farine de quelques kilos de Dasipyrum confié par Bertold lors d’un précédent voyage. Grâce au savoirfaire du boulanger avec les céréales dites « non panifiables », ce pain très foncé et à la saveur assez amère
Un petit crochet en Suisse avant de repartir, nous a permis de rencontrer Peter Kunz, sélectionneur biodynamiste qui travaille sur des croisements manuels opérés en station expérimentale biodynamique. 500 croisements sont réalisés chaque année et moins de 1% sont gardés après la cinquième génération. Blés productifs pour la bio, avec des pailles entre 1m20 et 1m50, résistants à la sècheresse et aux maladies, Peter a inscrit plusieurs variétés au catalogue comme Ataro, Vega, Pollux et dernièrement Stella qui couvrirait 50% des champs de blé bio en Suisse en 2010.
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