Lettre ouverte a Monsieur le Premier Ministre demandant l’interdiction de la production, de l’utilisation et de la dissémination de tout OGM issu du forçage génétique, 22 juillet 2020

Niveau juridique : France

Dans cette lettre ouverte adressée au nouveau premier ministre Jean Castex, 16 organisations de la société civile (Les Amis de la Terre, Ayni, le Centre international de droit comparé de l’environnement (CIDCE), la Confédération paysanne, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), Demeter, le Collectif des Faucheurs volontaires d’OGM, Foll Avoine, France Nature Environnement (FNE), le Groupe international d’études transdisciplinaires (GIET), le Mouvement de l’agriculture biodynamique (MABD), Noé, OGM Dangers, l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), Pollinis et Sciences citoyennes) demandent l’interdiction de la production, de l’utilisation et de la dissémination de tout OGM issu du forçage génétique. Cette technique, appelée « gene drive » en anglais, combine l’utilisation de techniques de transgenèse et de la technique CRISPER-Cas9 pour créer des organismes qui peuvent, sans autre intervention humaine, transmettre des gènes modifiés à tous leurs descendants.

Les premières expérimentations sont actuellement menées, avec pour objectif d’éradiquer ou de modifier des espèces vectrices de maladies (comme les moustiques qui transmettent la malaria).

Les auteurs de la lettre invitent la France à défendre l’adoption d’un moratoire mondial sur la dissémination d’organismes issus de forçage génétique, y compris sur les essais en plein champs lors de la prochaine COP (COP 15).

Extraits choisis :

« Le forçage génétique remet donc en question notre rapport au vivant et pourra avoir,selon l’usage qui en est fait, des conséquences immenses sur nos vies, depuis notre santé jusqu’à notre agriculture, en passant par la conservation de la biodiversité.

Les risques posés par cette ingénierie du vivant sont inédits et potentiellement catastrophiques pour l’environnement. Certains sont déjà bien identifiés : éradication de populations ou d’espèces entières,perturbations des chaînes trophiques et modification irréversible d’équilibres naturels, transferts éventuels de gènes modifiés à d’autres espèces, interactions imprévues entre constructions génétiques forcées et naturelles. D’autres usages involontaires ou malintentionnés(destruction de récoltes, usages militaires…) sont également possibles. (…)

La complexité du vivant, les innombrables interactions qui régissent et relient entre eux les organismes dans l’écosphère, ne permettent pourtant pas d’anticiper toutes les conséquences du déploiement dans la nature d’organismes OGM issus du forçage génétique. Les lacunes dans les connaissances actuelles et l’ensemble des risques encore inconnus rendent impossible toute évaluation scientifique ou réglementaire du risque.Plus de 200 organisations internationales et scientifiques estiment qu’un moratoire sur la dissémination de tout organisme issu du forçage génétique est essentiel a la préservation de la biodiversité et qu’il serait nécessaire pour respecter les objectifs fixés par la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.

Au nom du principe de précaution tel qu’inscrit dans la Constitution française, nous vous demandons donc que la France défende une interdiction de la production, de l’utilisation et de la dissémination de tout OGM issu du forçage génétique. »

Lien vers la lettre adressée au Premier ministre ici

Lien vers le communiqué de presse ici

 

Cette lettre fait écho avec la lettre ouverte adressée à la Commission européenne le 30 juin 2020 par 78 associations européennes demandant à la cette dernière d’interdire en Europe et dans le monde la dissémination de tout organisme génétiquement modifié issu du forçage génétique (voir fiche veille dédiée).