Eau, agriculture, et changement climatique : les scénarios du futur - Rapport du CGAAER

Niveau juridique : France

Le rapport publié le 4-09-2017 par le Conseil Général de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement Rural met en perspective les questions du choix des variétés par rapport à l’adaptation au changement climatique.

Extraits choisis

  • Page 16 : « Dans ce nouveau contexte, le stockage de l’eau et l’extension de l’irrigation sont devenus de nouvelles priorités mondiales d’importance stratégique. Le dernier rapport du GIEC a chiffré (avec une grande marge d’incertitude) le besoin d’investissements en stockage et en irrigation à 225 milliards de $ d’ici 2030 dans 200 pays, pour le seul maintien des services actuellement rendus par l’eau. Les autres voies d’adaptation complémentaires citées par le GIEC sont : l’utilisation de variétés plus résistantes, la promotion de pratiques agronomiques de conservation de l’eau et des sols et de collecte de l’eau, l’amélioration de l’efficience de l’irrigation par l’utilisation de nouvelles technologies, la valorisation des savoir-faire locaux, la recharge artificielle des nappes et le développement des réutilisations (note 10 : L’extension de l’irrigation et l’adaptation des cultivars affichent les meilleurs résultats parmi les stratégies possibles d’adaptation.)  »

  • Page 41 : « 2.2.5. Dans la Beauce

Sera-t-il possible de maintenir une agriculture irriguée en Beauce malgré la baisse de recharge des nappes annoncée ? Ceci supposerait de mobiliser concomitamment plusieurs leviers. Le progrès génétique avec l’introduction de variétés mieux adaptées à la nouvelle donne climatique est l’un de ces leviers, sachant que le progrès agronomique, l’amélioration du pilotage de l’irrigation et l’évolution des pratiques culturales en fonction des évolutions climatiques devront apporter leur contribution (Cf. encadré 14).

Encadré 14. Des innovations en cours pour améliorer encore l’efficience de l’eau des grandes cultures.

Plusieurs programmes de recherche sont en cours pour identifier des marqueurs génétiques de la résistance à la sécheresse sur blé et maïs. Les résultats attendus dans les 10 prochaines années devraient permettre d’augmenter encore l’efficience de l’eau des deux productions céréalières majeures en France Des progrès sont encore possibles en termes de pilotage de l’irrigation. Les outils d’aide à la décision pour optimiser les irrigations à la parcelle (ex IRRELIS, IRRINOV,…) ou au niveau de l’assolement (ex LORA) sont déjà utilisés mais la marge de développement est encore grande. L’innovation pourrait surgir des images satellites et des capteurs intra-parcellaires. Des informations directement issues de la parcelle sur l’état hydrique du sol et/ou sur le statut hydrique des plantes en précisant la variabilité intra-parcellaire de ces critères pourraient ouvrir la voie à l’irrigation de précision : la bonne dose au bon endroit. Les systèmes d’irrigation par aspersion, notamment les canons dont la portée est de plusieurs dizaines de mètres, sont sensibles aux effets du vent. Il est possible d’optimiser le réglage de ces appareils en fonction de la vitesse et de l’orientation des vents grâce à des travaux de recherche conduits conjointement par l’IRSTEA et ARVALIS. Pour l’instant ces technologies sont peu développées mais la démultiplication des capteurs et des automatismes en agriculture pourrait leur donner un élan dans les prochaines années. (…) Source : JP. Bordes ARVALIS, in Bordes et Benoit, article sur l’eau, Club Demeter, à paraître (2017) »

  • Page 46 : « 3.2. Jusqu’où l’agriculture pluviale ou une agriculture irriguée peu consommatrice d’eau peuvent-elles couvrir les besoins ?

Le dérèglement du climat questionne les évolutions possibles des systèmes de culture ainsi que la nouvelle place de l’irrigation. Pour limiter le recours aux prélèvements d’eau dans le milieu « naturel », le bon sens commande d’actionner tous les leviers permettant de réduire la consommation d’eau des cultures pluviales ou irriguées : sélection d’espèces ou de variétés résistantes à la sécheresse ou peu gourmandes en eau, pratiques agricoles économes en eau, aménagements parcellaires favorisant la rétention en eau, pilotage de l’irrigation, évolution des systèmes de culture… La question posée est jusqu’où ce type de stratégie est-il possible ou souhaitable, eu égard à l’accélération du changement climatique, pour maintenir l’offre agricole à son niveau (quantitatif et qualitatif) et pour préserver/produire tous les autres biens et services attendus par la société ? Répondre à cette question n’est pas simple : le territoire français se caractérise par une grande diversité de sols, de climats et de ressources hydriques, ce qui rend impossible un scénario évolutif homogène. »