construction sociale et identitaire d’un collectif « paysan » autour de pratiques semencières alternatives
élise Demeulenaere, Christophe Bonneuil,
Depuis près de dix ans, la controverse OGM a fait émerger les semences comme un enjeu majeur dans le monde agricole et a touché, au-delà, de larges publics, y compris urbains. La réglementation semencière française, vécue par de nombreux agriculteurs comme une remise en question de leur liberté à ressemer leur récolte, et ses frictions croissantes avec la thématique émergente de l’érosion de la biodiversité y ont également contribué. En 2003, le Réseau Semences Paysannes (RSP) a vu le jour, afin de revendiquer le droit pour les agriculteurs de cultiver et d’échanger des semences de variétés non inscrites au Catalogue officiel des Obtentions Végétales. Ce mouvement s’appuie sur des agriculteurs qui font leurs semences eux-mêmes à partir de variétés reléguées depuis les années 1950 par le marché et la réglementation. Outre des stratégies originales pour s’approvisionner hors marché, ces choix semenciers requièrent des savoirs spécifiques sur la conservation, la production à la ferme des semences et la conduite agronomique particulière des variétés anciennes. Notre travail vise à analyser les éléments qui soudent la « communauté de pratiques » (Wenger 2005) constituée autour des « semences paysannes ». Pour cela, nous nous sommes concentré depuis 2003 sur un groupe particulièrement actif de ce Réseau constitué autour des céréales panifiables.
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Références complètes
Techniques & Culture 57, 2011/2 : 202 - 221